Entre la frontière belge et la mer du Nord, le territoire alterne vallées verdoyantes, plaines agricoles ouvertes, pâturages bordés de haies et petites forêts qui ponctuent le relief. Les villes dressent leurs beffrois au-dessus de façades flamandes, les fermes isolées se dispersent au milieu des champs, tandis que les bourgs ruraux se couvrent de fleurs à la belle saison. Cette diversité paysagère donne au département un visage très contrasté, à la fois profondément rural et fortement urbanisé.
À l’est, autour de Maroilles, commence le pays de bocage connu sous le nom d’Avesnois. Plus à l’ouest, les paysages deviennent plus ouverts, traversés par les grandes vallées et par les anciens bassins industriels où se sont développées de vastes agglomérations. Vers la Flandre intérieure, les collines des monts de Flandre introduisent un nouveau rythme, avant que la ligne de dunes et de plages n’annonce la mer du Nord. Ces transitions rapides entre campagnes paisibles, villes denses et littoral venté font partie de l’identité du département.
L’Avesnois se distingue par ses prés bordés de haies, ses rivières aux eaux fraîches et ses bois épais. Maroilles, réputée pour son fromage à la croûte lavée et au goût fruité, marque souvent l’entrée dans cette région où prairies et vergers se succèdent. Autour d’Avesnes-sur-Helpe, ancienne place forte aux remparts encore visibles, la campagne se déploie en une mosaïque de vallons, de lacs et d’étangs. Le territoire s’inscrit dans un parc naturel régional qui protège faune, flore et patrimoine bâti.
De petites villes comme Sars-Poteries, Bavay, Saint-Amand-les-Eaux ou Condé-sur-l’Escaut conservent un patrimoine religieux, thermal ou antique, parfois hérité des époques gallo-romaines ou des grandes abbayes. Le Quesnoy et ses plans d’eau, Le Cateau-Cambrésis aux portes de la forêt de Mormal, Liessies ou Sains-du-Nord composent un réseau de bourgs où l’art religieux, les anciens métiers textiles, la verrerie et les produits du terroir restent très présents. L’écomusée de l’Avesnois, réparti sur plusieurs sites autour du lac du Val Joly, illustre encore aujourd’hui la vie rurale et industrielle de ce pays de bocage.
Au sud de Cambrai, connu pour ses confiseries à base de sucre cuit et d’arôme léger de menthe ou d’anis, la vallée de l’Escaut dessine une coulée verte propice aux itinéraires à pied ou à vélo. La rivière serpente entre prairies humides, bois alluviaux et sites marécageux où subsistent de nombreuses espèces d’oiseaux. Les ruines de l’abbaye de Vaucelles émergent dans ce paysage, rappelant le rôle des grands ordres monastiques dans la mise en valeur des terres et dans la diffusion de l’architecture cistercienne.
Plus largement, le Cambrésis se caractérise par de vastes champs céréaliers et betteraviers entrecoupés de rideaux d’arbres. De petites communes y conservent églises fortifiées, fermes à cour carrée, moulins parfois restaurés, ainsi que des chapelles isolées le long des chemins. Ce bassin agricole se trouve aujourd’hui traversé par des axes de circulation importants, mais garde de nombreux secteurs calmes, propices aux itinéraires à travers la plaine.
En remontant vers le centre du département, le paysage change nettement et laisse place aux grandes villes qui bordent la vallée de la Scarpe et les anciens bassins miniers. Douai, avec son beffroi inscrit au patrimoine mondial, ses quais et ses hôtels particuliers, illustre le mélange de patrimoine aristocratique et d’héritage industriel. La forêt domaniale de Marchiennes, intégrée à un parc naturel régional, apporte une respiration verte entre Escaut et Scarpe.
Plus au nord, Roubaix et Tourcoing prolongent l’urbanisation jusqu’à la frontière belge. Ces anciennes puissances textiles se sont reconverties progressivement vers le tertiaire, la création et les services, tout en valorisant usines réhabilitées, musées et lieux de mémoire. Ensemble avec Lille, Villeneuve-d’Ascq, Wattrelos et plusieurs communes voisines, elles forment une grande métropole où se concentrent universités, équipements culturels, stades, réseaux de transports et espaces verts urbains. Lille, avec sa Grand-Place, son quartier historique aux façades flamandes, ses beffrois, musées et salles de spectacle, constitue un foyer culturel majeur, entre influence flamande et dynamisme contemporain.
Après Armentières et Bailleul, ancienne cité dentellière dominée par son beffroi, le relief se soulève légèrement pour former les monts de Flandre. Cassel, perché sur une butte, offre un large panorama sur la plaine environnante. Son vieux moulin en bois, ses rues pavées et ses maisons flamandes évoquent le long passé de ce territoire frontalier. Vers Hazebrouck et les villages de Flandre intérieure, fermes en brique, chapelles de campagne et estaminets rappellent la proximité linguistique et culturelle avec la Belgique voisine.
Plus au nord, Hondschoote et Bergues conservent remparts, canaux et alignements de façades aux pignons à redents. Bergues, entourée de ses fortifications, a vu sa notoriété renforcée par le cinéma, mais reste avant tout une petite ville flamande où beffroi, places et ruelles témoignent de l’histoire marchande et militaire. Dans cette partie du territoire, les traditions flamandes, la présence de nombreuses églises en brique et la toponymie rappellent une identité singulière au sein du département.
À l’ouest du département, la côte s’ouvre sur la mer du Nord. Dunkerque, grande ville portuaire, combine fonctions industrielles, port de commerce, terminaux de ferries, plages urbaines et quartiers résidentiels. La figure du corsaire Jean Bart y reste très présente dans la mémoire locale, tout comme l’histoire des grandes opérations militaires du XXe siècle. Le front de mer de Malo-les-Bains juxtapose digue, villas balnéaires, cafés, restaurants et larges bandes de sable.
Plus à l’est, Zuydcoote et Bray-Dunes prolongent cette plage quasi ininterrompue, bordée de cordons dunaires protégés. Les étendues de sable fin, balayées par le vent, attirent amateurs de char à voile, de cerfs-volants et de sports nautiques. Les zones naturelles qui encadrent ces stations balnéaires abritent des milieux dunaires fragiles, fréquentés par de nombreux oiseaux migrateurs. Entre mer, dunes et polders, ce littoral propose un paysage très différent de celui des côtes rocheuses plus au sud, mais tout aussi caractéristique.
La gastronomie locale se distingue par des plats généreux souvent mijotés à la bière ou à la crème. Carbonnade de bœuf, waterzoï de poisson ou de volaille, moules accompagnées de frites croustillantes, flamiches au fromage, andouillettes grillées ou anguilles fumées composent un répertoire de spécialités auquel s’ajoutent fromages puissants, pâtisseries flamandes et bières issues d’une tradition brassicole ancienne. Dans les estaminets, décorés d’objets d’autrefois, la cuisine simple et copieuse s’associe à des jeux traditionnels et à un goût prononcé pour les chansons et les histoires.
Cette convivialité se prolonge lors des marchés hebdomadaires, des fêtes de village et des rassemblements populaires. Les produits du terroir, qu’il s’agisse de fromages de l’Avesnois, de charcuteries artisanales, de confiseries historiques ou de bières issues de brasseries indépendantes, occupent une place importante dans la vie quotidienne. Entre table familiale et restauration plus créative, ce patrimoine culinaire continue d’inspirer chefs et artisans.
Le département accorde une place particulière aux fêtes, ducasses et kermesses qui rythment l’année. Les fanfares, les défilés de chars, les orchestres de rue et les géants d’osier animent les centres-villes et les quartiers. Ces figures de plusieurs mètres de haut, portées à dos d’homme, incarnent souvent des personnages historiques ou légendaires. Elles défilent en musique et entraînent la foule dans une ambiance mêlant humour, dérision et attachement aux traditions.
Le carnaval de Dunkerque demeure l’un des plus emblématiques. Il se déploie sur plusieurs semaines avec bandes, bals et événements codifiés, au cours desquels habitants et visiteurs revêtent déguisements colorés, chapeaux extravagants et accessoires insolites. Lancer de harengs, airs repris en chœur, confréries et rituels transmettent une mémoire collective vivante. D’autres communes du littoral et de l’intérieur prolongent ce goût des carnavals, qui contribue à l’image d’un territoire où la fête occupe une place centrale.
Entre bocage de l’Avesnois, plaines du Cambrésis, Flandre intérieure, métropole lilloise et rivages de la mer du Nord, le département assemble paysages variés, patrimoine solide, traditions culinaires affirmées et sens aigu de la convivialité. Ce mélange de racines rurales, d’héritage industriel et d’ouverture culturelle nourrit une identité singulière, à la fois chaleureuse et résolument tournée vers l’extérieur.